Procès de Guy Turcotte
Tache brunâtre au centre du contre-interrogatoire du biologiste
Une tache brunâtre contenant au moins du sang était au centre du contre-interrogatoire du biologiste judiciaire, lundi, au procès pour meurtre de Guy Turcotte, au palais de justice de Saint-Jérôme.
L'expert François Julien est formel: une grosse tache retrouvée sur le lit de
Guy Turcotte contient bien du sang de l'accusé. Mais il contient aussi d'autres
substances que le témoin n'a pas eu à analyser.
«Je ne sais pas ce que c'est exactement», a répété M. Julien à plusieurs reprises.
Pendant une bonne partie de la matinée, l'expert en projection de sang
a été bombardé de questions à propos de cette tache, ainsi que sur le sang
d'Anne-Sophie retrouvé sur un verre et un bidon de lave-glace. Mais le témoin
n'a pas flanché, et a affirmé qu'il n'est pas en mesure de dire si les taches
contenaient du méthanol.
«Il se peut qu'il y ait du lave-glace, mais je ne le sais pas parce que ça dépasse
ma compétence», a expliqué M. Julien.
Le témoignage de l'expert, qui avait commencé mercredi dernier, a repris lundi matin au procès de Turcotte, accusé d'avoir poignardé à mort à 46 reprises ses enfants Anne-Sophie et
Olivier, en février 2009 à Piedmont, dans les Laurentides.
En témoignage principal, M. Julien avait affirmé que les victimes avaient été tuées
en deux temps, et que les corps avaient été déplacés sur leurs lits respectifs.
Rappelons que Turcotte, 43 ans, était en instance de séparation avec Isabelle Gaston
lorsqu'il a tué ses enfants de trois et cinq ans.
Le procès se poursuit toute la journée, devant les membres du jury et le juge
André Vincent de la Cour supérieure du Québec
Semaine écourtée
Le juge a par ailleurs annoncé que la semaine sera écourtée à ce procès de Guy Turcotte.
Un des jurés a perdu sa mère la fin de semaine dernière, si bien qu'il n'y aura pas
d'audiences ni mercredi après-midi ni jeudi matin, afin de laisser le temps
à ce juré d'assister aux funérailles.
Le juge ne siégera pas non plus vendredi, puisque la jurée no 1,
qui s'était blessée à la main il y a deux semaines, doit retourner
à l'hôpital pour subir des tests médicaux.
Des experts ont rendu des témoignages particulièrement explicites, hier, au procès de Guy Turcotte.
Olivier Turcotte, 5 ans, 4 pieds et 1 pouce, 64 livres, a reçu 27 coups de couteau. Anne-Sophie Turcotte, 3 ans, 3 pieds et 4 pouces, 36 livres, en a reçu 19. Les deux enfants ont tenté de se défendre ou du moins de se protéger, quand leur père, Guy Turcotte, médecin de 36 ans, les a poignardés à mort le 20 ou 21 février 2009, dans la maison qu'il louait depuis un mois, à Piedmont.
C'est le terrible constat qui se dégage des témoignages d'experts entendus hier, à Saint-Jérôme. Les corps, qui gisaient chacun sur leur lit, ont été découverts le samedi 21 février. Le pathologiste André Bourgault a réalisé les autopsies sur le cadavre du petit Olivier le lundi, et celui de sa soeur, le mardi. Il a relevé 27 plaies sur le corps d'Olivier, soit 16 à l'abdomen, 4 au dos et 7 aux mains ou aux poignets. Ces dernières sont des plaies de défense, a noté le Dr Bourgault, ce qui signifie que l'enfant a tenté de se protéger. En ce qui concerne la petite fille, ses 19 plaies se trouvaient à l'abdomen et au dos. Elle n'en avait pas aux mains. En revanche, elle avait des cheveux arrachés dans ses deux mains. Leur analyse a démontré qu'il s'agissait de ses propres cheveux.
Ce n'est pas inhabituel que des victimes s'arrachent les cheveux lors d'une agression, a expliqué le biologiste judiciaire François Julien, un expert en projections de sang, qui a témoigné en après-midi, hier.
La description des plaies, livrée nécessairement de façon froide, et les données mathématiques comme la longueur des coupures à la surface de la peau, et les organes que les coups avaient atteints, étaient pénibles à entendre. Des membres des familles de M. Turcotte, ainsi que d'Isabelle Gaston, mère des petits, avaient du mal à retenir leurs larmes. L'accusé, Guy Turcotte, de son côté, pleurait abondamment et était littéralement effondré dans le box.
Scène de crime
Un peu plus tôt, hier, l'enquêteur de la SQ Sylvain Harvey, responsable de la scène de crime, a expliqué en détail au jury, avec photos et pièces à conviction à l'appui, cette scène de crime. Il a exhibé deux longs couteaux Wiltshire, qui s'aiguisent automatiquement quand on les met dans leur étui. L'un a été retrouvé sur le lit du petit Olivier, et était toujours maculé de sang. L'autre a été retrouvé sur le bord de la baignoire.
M. Harvey a expliqué qu'il était arrivé sur la scène extérieure du crime à 18h20, le 21 février 2009. Il n'y avait rien de particulier à l'extérieur. Il est entré à 19h36 et a fait de l'observation pendant près de deux heures. «Après, on s'est retirés pour décider quoi saisir, quoi photographier...»
M. Harvey a vite réalisé que le drame s'était passé principalement à l'étage des chambres.
Il a trouvé quelques indices au rez-de-chaussée, comme l'étui vide d'un couteau, un portable ouvert,
et la mallette de Guy Turcotte avec des documents, notamment des documents sur le «narcissisme»,
mais c'est en haut qu'il a trouvé l'essentiel des pièces à conviction.
Les corps des enfants étaient toujours sur place.
Ils étaient là encore quand le biologiste François Julien est arrivé,
en début de nuit, le 22 février, pour faire ses expertises. Les enfants ont été tués dans leur lit.
Guy Turcotte a laissé du sang d'Olivier sur la poignée de porte d'Anne-Sophie,
a noté M. Julien. Il avait du sang de ses deux enfants sur les mains quand il a déboutonné
sa chemise et l'a laissée par terre, à côté de son lit, dans la chambre principale.
La chemise bleue à petits carreaux montrait aussi plusieurs éclaboussures de sang de ses
deux enfants sur tout le devant et les manches.
M. Turcotte a bu du lave-glace dans un verre, mais aussi à même le goulot du contenant
de marque Pacer, retrouvé dans la salle de bains. Il restait encore environ le sixième
du liquide mauve dans le contenant.
Hier, on a aussi appris que Guy Turcotte avait loué des films d'enfants,
notamment Caillou, au Vidéo Zone de Prévost, à 16h39 le 20 février 2009,
donc peu de temps avant de tuer ses enfants. Selon l'enquêteur Sylvain Harvey,
le film Caillou était dans le lecteur de DVD du salon du rez-de-chaussée,
quand il a scruté la scène.
Mis côte à côte, les témoignages du pathologiste Bourgault, du biologiste Julien
et de l'enquêteur Harvey illustrent un scénario aussi insensé qu'horrible.
Le procès devant jury se poursuit aujourd'hui, avec la suite du témoignage du biologiste
François Julien. Rappelons que M. Turcotte est accusé des meurtres prémédités de ses
deux enfants. Dès le début du procès, la semaine dernière, il a avoué que c'est lui
qui leur avait enlevé la vie. L'enjeu du procès consiste maintenant à déterminer
dans quel état d'esprit il était au moment où il l'a fait.
Le drame est survenu dans un contexte de séparation.
Tache brunâtre au centre du contre-interrogatoire du biologiste
Une tache brunâtre contenant au moins du sang était au centre du contre-interrogatoire du biologiste judiciaire, lundi, au procès pour meurtre de Guy Turcotte, au palais de justice de Saint-Jérôme.
L'expert François Julien est formel: une grosse tache retrouvée sur le lit de
Guy Turcotte contient bien du sang de l'accusé. Mais il contient aussi d'autres
substances que le témoin n'a pas eu à analyser.
«Je ne sais pas ce que c'est exactement», a répété M. Julien à plusieurs reprises.
Pendant une bonne partie de la matinée, l'expert en projection de sang
a été bombardé de questions à propos de cette tache, ainsi que sur le sang
d'Anne-Sophie retrouvé sur un verre et un bidon de lave-glace. Mais le témoin
n'a pas flanché, et a affirmé qu'il n'est pas en mesure de dire si les taches
contenaient du méthanol.
«Il se peut qu'il y ait du lave-glace, mais je ne le sais pas parce que ça dépasse
ma compétence», a expliqué M. Julien.
Le témoignage de l'expert, qui avait commencé mercredi dernier, a repris lundi matin au procès de Turcotte, accusé d'avoir poignardé à mort à 46 reprises ses enfants Anne-Sophie et
Olivier, en février 2009 à Piedmont, dans les Laurentides.
En témoignage principal, M. Julien avait affirmé que les victimes avaient été tuées
en deux temps, et que les corps avaient été déplacés sur leurs lits respectifs.
Rappelons que Turcotte, 43 ans, était en instance de séparation avec Isabelle Gaston
lorsqu'il a tué ses enfants de trois et cinq ans.
Le procès se poursuit toute la journée, devant les membres du jury et le juge
André Vincent de la Cour supérieure du Québec
Semaine écourtée
Le juge a par ailleurs annoncé que la semaine sera écourtée à ce procès de Guy Turcotte.
Un des jurés a perdu sa mère la fin de semaine dernière, si bien qu'il n'y aura pas
d'audiences ni mercredi après-midi ni jeudi matin, afin de laisser le temps
à ce juré d'assister aux funérailles.
Le juge ne siégera pas non plus vendredi, puisque la jurée no 1,
qui s'était blessée à la main il y a deux semaines, doit retourner
à l'hôpital pour subir des tests médicaux.
Des experts ont rendu des témoignages particulièrement explicites, hier, au procès de Guy Turcotte.
Olivier Turcotte, 5 ans, 4 pieds et 1 pouce, 64 livres, a reçu 27 coups de couteau. Anne-Sophie Turcotte, 3 ans, 3 pieds et 4 pouces, 36 livres, en a reçu 19. Les deux enfants ont tenté de se défendre ou du moins de se protéger, quand leur père, Guy Turcotte, médecin de 36 ans, les a poignardés à mort le 20 ou 21 février 2009, dans la maison qu'il louait depuis un mois, à Piedmont.
C'est le terrible constat qui se dégage des témoignages d'experts entendus hier, à Saint-Jérôme. Les corps, qui gisaient chacun sur leur lit, ont été découverts le samedi 21 février. Le pathologiste André Bourgault a réalisé les autopsies sur le cadavre du petit Olivier le lundi, et celui de sa soeur, le mardi. Il a relevé 27 plaies sur le corps d'Olivier, soit 16 à l'abdomen, 4 au dos et 7 aux mains ou aux poignets. Ces dernières sont des plaies de défense, a noté le Dr Bourgault, ce qui signifie que l'enfant a tenté de se protéger. En ce qui concerne la petite fille, ses 19 plaies se trouvaient à l'abdomen et au dos. Elle n'en avait pas aux mains. En revanche, elle avait des cheveux arrachés dans ses deux mains. Leur analyse a démontré qu'il s'agissait de ses propres cheveux.
Ce n'est pas inhabituel que des victimes s'arrachent les cheveux lors d'une agression, a expliqué le biologiste judiciaire François Julien, un expert en projections de sang, qui a témoigné en après-midi, hier.
La description des plaies, livrée nécessairement de façon froide, et les données mathématiques comme la longueur des coupures à la surface de la peau, et les organes que les coups avaient atteints, étaient pénibles à entendre. Des membres des familles de M. Turcotte, ainsi que d'Isabelle Gaston, mère des petits, avaient du mal à retenir leurs larmes. L'accusé, Guy Turcotte, de son côté, pleurait abondamment et était littéralement effondré dans le box.
Scène de crime
Un peu plus tôt, hier, l'enquêteur de la SQ Sylvain Harvey, responsable de la scène de crime, a expliqué en détail au jury, avec photos et pièces à conviction à l'appui, cette scène de crime. Il a exhibé deux longs couteaux Wiltshire, qui s'aiguisent automatiquement quand on les met dans leur étui. L'un a été retrouvé sur le lit du petit Olivier, et était toujours maculé de sang. L'autre a été retrouvé sur le bord de la baignoire.
M. Harvey a expliqué qu'il était arrivé sur la scène extérieure du crime à 18h20, le 21 février 2009. Il n'y avait rien de particulier à l'extérieur. Il est entré à 19h36 et a fait de l'observation pendant près de deux heures. «Après, on s'est retirés pour décider quoi saisir, quoi photographier...»
M. Harvey a vite réalisé que le drame s'était passé principalement à l'étage des chambres.
Il a trouvé quelques indices au rez-de-chaussée, comme l'étui vide d'un couteau, un portable ouvert,
et la mallette de Guy Turcotte avec des documents, notamment des documents sur le «narcissisme»,
mais c'est en haut qu'il a trouvé l'essentiel des pièces à conviction.
Les corps des enfants étaient toujours sur place.
Ils étaient là encore quand le biologiste François Julien est arrivé,
en début de nuit, le 22 février, pour faire ses expertises. Les enfants ont été tués dans leur lit.
Guy Turcotte a laissé du sang d'Olivier sur la poignée de porte d'Anne-Sophie,
a noté M. Julien. Il avait du sang de ses deux enfants sur les mains quand il a déboutonné
sa chemise et l'a laissée par terre, à côté de son lit, dans la chambre principale.
La chemise bleue à petits carreaux montrait aussi plusieurs éclaboussures de sang de ses
deux enfants sur tout le devant et les manches.
M. Turcotte a bu du lave-glace dans un verre, mais aussi à même le goulot du contenant
de marque Pacer, retrouvé dans la salle de bains. Il restait encore environ le sixième
du liquide mauve dans le contenant.
Hier, on a aussi appris que Guy Turcotte avait loué des films d'enfants,
notamment Caillou, au Vidéo Zone de Prévost, à 16h39 le 20 février 2009,
donc peu de temps avant de tuer ses enfants. Selon l'enquêteur Sylvain Harvey,
le film Caillou était dans le lecteur de DVD du salon du rez-de-chaussée,
quand il a scruté la scène.
Mis côte à côte, les témoignages du pathologiste Bourgault, du biologiste Julien
et de l'enquêteur Harvey illustrent un scénario aussi insensé qu'horrible.
Le procès devant jury se poursuit aujourd'hui, avec la suite du témoignage du biologiste
François Julien. Rappelons que M. Turcotte est accusé des meurtres prémédités de ses
deux enfants. Dès le début du procès, la semaine dernière, il a avoué que c'est lui
qui leur avait enlevé la vie. L'enjeu du procès consiste maintenant à déterminer
dans quel état d'esprit il était au moment où il l'a fait.
Le drame est survenu dans un contexte de séparation.