PAUSE TENDRESSE

Bonsoir mon bel ami,

Je viens vous dire que je ne vous oublie pas.
Il est ici 18H46, nous somme 3 mars. Je vais
aller souper et e reviendrai plus tard, mais
ne m'attendez pas.

Je pense à vous, mon beau soleil.

Douce

Re bonsoir mon bel ami,

Comment allez-vous ?

Je vous fais rire et sourire, c'est bien correct.
Dites-moi, vous avez enlevé les rails sur votre Avatar ?
Alors au lieu de prendre le train, nous marcherons à pied.
C'est meilleur pour la santé ...
Mais le paysage semble toujours aussi beau.

Je suis bien heureuse que vous soyez en bonne santé.
Que le sang dans vos veines coule à plein courant et
sainement. Vous devez être soulager, maintenant que
vous savez. Et votre épouse et votre fils aussi. Ils
vont devoir vous endurer un bon bout.

Ma semaine a été un peu inquiétante. Mon mari a fait
une crise d'angine, ou une crise d'angoisse.
Mais au moment où cela arrive, c'est physique. Ce n'est pas juste
dans la tête que cela se passe.
Alors je surveille, je m'assure que tout va bien. Il dort bien, il mange bien.
Mais vous savez les hommes, comment ils sont. Ce n'est jamais grave.

Bon changeons de sujet, avez vous pu aller faire une belle marche ?
Quel temps fait-il chez vous ?
Comment va votre Jimmy ?
Aurez-vous des petites rénovations à faire ce printemps ?
Comment va votre épouse ?
Dites-moi, vous avez un chat ? Comment s'appelle t-il ?

Ah ! qu'elle est fatigante, avec ses questions cette québécoise ...

Vous savez quoi, cette nuit on nous annonce - 21 degré, avec des vents du nord.
Après cela, il ne faudrait pas être malade ...

Bien emmitouflée dans mes couvertures et ma couette, ça devrait aller.

Prenez bien soin de vous.

Je vous embrasse bien tendrement.

Bonne nuit mon doux soleil.

Douce
22H08
3 mars

Pour me réchauffer un peu ...

L’âme du vin

Charles Baudelaire

Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

J’allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L’huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l’éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861