Plusieurs témoignages au second procès de Guy Turcotte s’annoncent extrêmement émouvants,La greffière a lu à Guy Turcotte — qui écoutait les yeux baissés — les deux accusations qui pèsent contre lui. Il avait plaidé non coupable mardi.
« Son sort est maintenant entre vos mains », a-t-elle ensuite dit au jury de 12 personnes.
Par la suite, le premier témoin a été appelé à la barre : il s’agit du policier Daniel Fortin, qui est un technicien spécialisé en scènes de crime.
« On est les yeux de la Cour », a-t-il dit pour expliquer son travail.
Il a passé une bonne partie de la matinée à présenter et à expliquer les quelque 200 photos qu’il a prises sur la scène du crime, au lendemain du drame qui s’est déroulé dans une maison de Piedmont, dans les Laurentides.
Ces photographies montrent entre autres les victimes, retrouvées chacune dans leur lit, ensanglantées. Lorsque ces photos ont été montrées, Guy Turcotte a cessé de regarder, alors qu’il fixait l’écran jusqu’à ce moment. Certaines de ces photos font l’objet d’une ordonnance de non-publication et ne peuvent être diffusées.
Un couteau a été retrouvé dans le lit d’Olivier, un second sur le rebord du bain, et un autre sur le lit de l’accusé, a montré M. Fortin en s’aidant des photographies.
Quant au lit de Guy Turcotte, il était couvert de vomissures, tout comme le plancher de sa chambre.
Deux bidons de plastique, dont au moins un de lave-glace, ont été retrouvés, l’un dans la salle de bain à l’étage et l’autre au sous-sol.
La poursuite prévoit de faire entendre 30 témoins lors de ce procès qui devrait durer trois mois. Un policier-enquêteur de la Sûreté du Québec a commencé son témoignage et le poursuivra jeudi matin.
a prévenu d’entrée de jeu la Couronne mercredi. En particulier celui très attendu d’Isabelle Gaston.
«Imaginez le contexte, cette mère a vécu l'horreur, et le mot est faible, a lancé la procureure de la Couronne, Me Maria Albanese dans sa déclaration d'ouverture. Ses enfants sont morts de 46 coups de couteau par celui qu’elle avait choisi pour être leur père. Depuis six ans, elle vit le deuil de ses enfants assassinés. Elle est extrêmement troublée et bouleversée.»
Mme Gaston sera un des premiers témoins au procès de l’ex-cardiologue de 43 ans, qui fait face à deux accusations de meurtre prémédité sur ses enfants Anne-Sophie et Olivier, 3 et 5 ans, en février 2009 à Piedmont, dans les Laurentides.
Le drame s’est déroulé alors que le couple ne vivait plus ensemble. Turcotte et Mme Gaston étaient en instance de séparation et cette dernière entretenait une relation extra-conjugale.
«Nous ne ferons pas le procès (de cette relation)», a souligné Me Albanese.
Changements de plan
Le soir du drame, Turcotte serait allé au club vidéo avec ses enfants, a expliqué la Couronne.Mais il aurait ensuite fait des recherches web sur le méthanol et le suicide. Il aurait en plus annulé un rendez-vous le lendemain ainsi que les services d’une gardienne, car «ses plans avaient changé», a fait savoir Me Albanese.
Turcotte aurait ensuite appelé sa mère, à qui il aurait parlé pendant une heure.
Le lendemain matin, les corps des enfants étaient découverts dans leurs chambres respectives de la maison louée par Turcotte.
Sur place, les policiers avaient entre autres trouvé un couteau et un gallon de lave-glace presque vide, a expliqué un technicien en scène de crime mercredi, qui a également exhibé des photos des victimes poignardées, forçant Turcotte dans la salle d’audience à détourner le regard.
Présumé innocentAvant l'entrée en scène des témoins, le juge a rappelé au jury de se baser uniquement sur la preuve présentée à ce procès, «sans préjugés ou sympathie».
Le juge a également rappelé que l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire et qu’il n’a rien à prouver à moins que son état mental soit mis en cause au cours du procès.Le procès continuera jeudi, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Turcotte est représenté par Mes Pierre et Guy Poupart, tandis que Mes René Verret et Maria Albanese officient pour la Couronne.
Les quatre questions cruciales que les jurés devront trancher
1. Guy Turcotte a-t-il commis un acte illégal?
2. Ces actes ont-ils causé la mort des victimes?
3. Guy Turcotte avait-il l'intention de causer la mort?
4. Le geste était-il prémédité?