SAINT-JÉRÔME -02-11-2015
Le risque que Guy Turcotte commette un nouvel homicide est «inexistant»,
a assuré une psychiatre ce lundi au procès de l'ex-cardiologue pour
les meurtres de ses enfants.
«Le plus grand risque est suicidaire, on sait que le facteur de risque
(homicidaire) dans ce genre d'acte est inexistant», a assuré la Dre Dominique Bourget au jury.
Mais Turcotte devra prendre des médicaments pour le reste de sa vie,
ainsi que se soumettre à un suivi médical, a poursuivi l'experte en psychiatrie légale.
«(Son état mental) nécessite un traitement continu», a précisé la Dre Bourget.
La psychiatre traitante de Turcotte, la Dre Renée Roy, a d'ailleurs confirmé
plus tard ce lundi que Turcotte prenait toujours des antidépresseurs et un antipsychotique.
Avant elle, pour la quatrième journée, la Dre Bourget a répété que selon elle,
Turcotte avait un «cerveau malade» et qu'il n'était pas en possession de ses moyens
lorsqu'il avait poignardé à 46 reprises ses enfants de 3 et 5 ans en février 2009,
à la suite de sa séparation avec sa femme qui l'avait trompée.
Subjectivité Ce lundi encore, la Couronne s'est attaquée à la crédibilité de la témoin,
laissant entendre que son diagnostic qui soutient la thèse de non-responsabilité criminelle
était subjectif.«Devant une même situation, deux psychiatres peuvent arriver à deux conclusions
différentes», a lancé Me René Verret, de la poursuite.
Car tout au long du témoignage, le procureur a laissé entendre que
la Dre Bourget s'était trop basée sur la version de l'ex-cardiologue
pour rédiger son rapport, par exemple en tenant pour véridique qu'il
a bu du lave-glace avant de tuer ses enfants, alors que personne
ne peut corroborer cette affirmation.
«Je me base sur mon jugement clinique, c'est sûr que c'est une opinion personnelle,
basée sur les connaissances et l'expérience clinique»,
a déclaré la Dre Bourget dont le CV fait plus de 40 pages.
La témoin a aussi exclu la thèse du meurtre par vengeance envers son ex-femme,
même si Turcotte aurait dit à des témoins qu'il avait tué Anne-Sophie et
Olivier «pour la faire chier».
Le procès se poursuit ce mardi, avec le témoignage d'un médecin pour la défense.
SAINT-JÉRÔME -03-11-2015
La Couronne a remis en question mardi la pertinence
de faire entendre un des médecins ayant traité Guy Turcotte après qu'il eut tué ses deux enfants.
«Je ne sais pas où on s'en va, je ne vois pas la pertinence (du témoignage)»,
a fait savoir Me René Verret de la poursuite, mardi, au procès pour meurtre de l'ex-cardiologue.
En matinée, un médecin de l'hôpital Sacré-Cœur à Montréal était en effet à
la barre des témoins pour la défense. Le Dr Pierre Marcelais avait
traité Turcotte pour une intoxication au méthanol, le lendemain du drame en février 2009.
C'est qu'avant et après avoir poignardé 46 fois Anne-Sophie et Olivier,
âgés de 3 et 5 ans, Turcotte affirme avoir bu du lave-glace (qui contient
du méthanol) pour se suicider. Les quantités ingérées sont toutefois inconnues,
tout comme les moments précis où il dit en avoir bu.
Avec des termes très techniques, il a expliqué au jury les traitements
administrés à l'accusé lors de son arrivée à son hôpital. Avant cela,
Turcotte avait été traité à l'hôpital de Saint-Jérôme.
«On a pu voir une détérioration de son état de conscience,
mais ça pourrait être imputable à l'injection d'éthanol
(le contrepoison du méthanol)», a expliqué le Dr Marcelais.
Quantité impossible à calculer
Or, d'autres témoins avant le Dr Marcelais ont déjà expliqué que,
malgré tous les taux d'intoxication relevés à l'hôpital,
il est quasiment impossible de calculer la quantité que l'accusé aurait ingérée.
Le juge André Vincent a estimé que le témoignage du Dr Marcelais avait
une certaine pertinence, puisqu'il a rejeté l'objection de la Couronne,
laissant ainsi le médecin poursuivre son témoignage.
Turcotte, qui a admis avoir tué ses enfants, plaidera la non-responsabilité
criminelle pour cause de troubles mentaux. Son état d'esprit,
au moment du drame, est un élément crucial que le jury devra
considérer lorsque viendra le temps de rendre son verdict.
Le témoignage du Dr Marcelais a été suspendu jusqu'à mercredi,
à la demande de la défense et de la Couronne.
C'est donc un psychiatre qui a évalué Turcotte, le Dr Louis Morissette,
qui s'est ensuite avancé la barre, et qui devait témoigner
en après-midi au palais de justice de Saint-Jérôme.