La jalousie est comme une épine dans le pied. On la sent
toujours où que l'on soit. C'est un poison qui détruit tout sur
son passage.
Il y a deux sortes de jalousie : celle de l'amoureux suspicieux
qui voit le danger partout et soupçonne tout ; et celle de
l'envieux qui n'arrive pas à se satisfaire de ce qu'il a et
convoite le bien ou le bonheur d'autrui. Dans les deux cas, elle
est un sentiment néfaste, qui détruit et abîme toute chose et
qui peut même conduire à la folie.
En amour, la jalousie n'est pas une preuve d'amour comme on a
tendance à le croire trop souvent. Elle trahit un manque de
confiance, en soi et en l'autre que l'on soupçonne de toutes les
turpitudes, dès que l'on a le dos tourné.
Le prisme de la jalousie déforme tout. À la manière d'un miroir
grossissant, l'événement le plus anodin prend une proportion
démesurée : un retard est interprété comme une preuve, un
sourire adressé à un inconnu comme une trahison, un silence
comme un aveu et ainsi de suite. Elle tue l'amour plus qu'elle
ne le nourrit. Elle éloigne l'autre et isole celui qui en est sa
proie.
Dans les rapports sociaux, elle nuit à l'amitié, altère la
confiance, elle stérilise tout. Impossible en effet de se
réjouir du bonheur d'un ami si on l'envie secrètement,
impossible de partager, de fraterniser. La jalousie est l’ennemi
de la sérénité, du don de soi, de la générosité. Il faut
absolument la dominer, car elle est assurément le plus grand de
tous les maux, ainsi que le souligne La Rochefoucauld.
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