RÊVE DE NOËL    

              

Ma fille, Noël approche ; en quelle cheminée
Déposeras-tu ton sabot ?
Des bonbons fins je veux y laisser un gros lot.
Je veux, au seuil de la nouvelle année,
T'accabler de jouets, combler tous tes désirs,
Te procurer tous tes plaisirs.

Eh quoi ! tu gardes le silence ?
Tu ne trépignes pas, tu ne bats pas des mains
D'aise et d'orgueil en songeant à demain ?

Bon Jésus, ai-je dit, je pense
A ces bonbons, à ces joujoux
Qu'on pourrait convertir en sous !

Oh ! ne me grondez pas, je ne suis point avare,
Mais les pauvres ont faim et l'hiver est venu ;
Un peu d'argent chez eux serait le bienvenu.

Près de la huche où le pain se fait rare,
Près de l'âtre glacé déserté de grillon,
Mille petits enfants tremblent sous le haillon.

Pitié. pitié, pour eux ! je porte ta prière,
Chère mignonne, au pied du trône de mon Père.
Au doux élans de la fraternité
Tous les coeurs s'ouvriront ; il vont de le chaumine
Chasser pour un long mois les pleurs et la famine 

 

En ce jour de Noël, ô Sainte Charité
Tu triomphes ! .... Jésus a dit la vérité

 

                          Philippe Straehl