CARILLONS DE NOËL


Le vieux sonneur monte au clocher,
Jusqu'aux meurtrières béantes
Où les corneilles vont nicher,
Et, chétif, il vient se percher
Au milieu des poutres géantes.
 
Dans les ténèbres ou ne luit
Qu'un falot pendant aux solives,
Il s'agite et mène grand bruit
Pour mettre en danse cette nuit
Les battants des cloches massives
 
Joyeuses,  avec un son clair,
Les voix des cloches, par le faîte
Des lucarnes, s'en vont dans l'air
Sur les ailes du vent d'hiver,
Comme des messagers de fête.
 
Noël ! Noël !...Sur les hameaux
Où les gens rentrent à la brune;
Sur les bois noirs et sur les eaux
Où tout un peuple de roseaux
Frissonne au lever de la lune.
 
Noël !... Sur la ferme là-bas
Dont la vitre rouge étincelle,
Sur la grand'route où, seul et las,
Le voyageur double le pas;
Partout court la bonne nouvelle...
 
Oh ! ces carillons argentins
Dans les campagnes assombries,
Quels souvenirs doux et lointains
Quels beaux soirs et quels doux matins
Ressuscitent leurs sonneries !
 
Jadis ils me versaient au coeur
Une allégresse chaude et tendre;
J'ai beau vieillir et passer fleur,
Je retrouve joie et vigueur,
Aujourd'hui, rien qu'à les entendre..
 
Et cette musique de l'air,
Cette gaité sonore et pleine,
Ce coeur mélodieux et clair
Oui s'en va dans la nuit d'hiver
Ensoleiller toute la plaine.
 
C'est l'oeuvre de ce vieux sonneur
Qui, dans son clocher solitaire,
Fait tomber, ainsi qu'un vanneur,
Cette semence de bonheur
Sur tous les enfant de la terre.


 

Philippe Straehl

 

New Page 2

Textes de Noël Jour de l'An de Philippe Straehl

Plusieurs autres auteurs et d'autres textes

Retour

Inscriptions gratuites aux nouveautés. 

Me contacter

Merci d'être là