BERCEUSE POUR LA NAISSANCE DE L'ENFANT

   
 
Enfant, pauvre petit qui tends tes deux poings roses,
Comme deux fleurs d'hiver sur la neige des draps,
Etre vague qui ris  et qui pleures sans causes,
Enfant, la vie est dure et tu la connaitras.
 
Dure et longue, la vie, hélas ! la vie humaine
Et demain, dès l'aurore, il faudra marcher seul,
Pour faire avant le soir la grand'route qui mène
Des plis du berceau blanc vers les plis du linceul.
 
Debout ! Le jour a lui sur la côte escarpée ;
L'or du soleil dans les lointains, crépite de bout.
Va : c'est l'heure , voici la cuirasse et l'épée,
Et souvient-toi d'aller sans faillir, jusqu'au bout !
 
Fausses vertus, lois sans raison, devoirs fictives,
Efface de ton coeur les mensonges dévots :
Cherche la vérité par-dessus nos justices ;
Crois en Dieu si tu peux, crois en toi si tu vaux.
 
Chéris la mer, la grande impuissante éternelle
Qui console des  voeux déçu et des regrets :
La nature bénit ceux vivent en elle,
Le calme naît au coeur du calme des forêts.
 
Crains l'homme, aime ton âme et méprise l'insulte ;
Sois humble avec toi seul et sois fier devants tous
Bons ou mauvais, défends tes amis et ton culte ;
Pardonne aux criminels et respecte le fous.
 
Laisse l'être à tous ceux que ta force te livre;
Ne rougis pas ta main dans la chair des mourants ;
Car tous sont tes égaux devant le droit de vivre,
Et les plus outragés sont parfois les plus grands.
 
Ne daigne point haïr ; sois fidèle à tes pactes ;
Sois franc ; ris peu ;  sois doux pour ceux qu'on fait souffrir,
Mais garde de juger les raisons ou des actes,
Car rien n'est absolu que l'espoir de mourir.
 

 

Philippe Straehl

 

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